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La Beauté, tôt vouée à se défaire de Yasunari Kawabata

Publié le

Aujourd’hui, je vous présente deux nouvelles d’un grand auteur de la littérature japonaise : voici La Beauté, tôt vouée à se défaire de Yasunari Kawabata.

Edition lue :
Éditeur : Le Livre de Poche
Publié le : 22 septembre 2004
Grand format sorti le : 5 février 2003
Publié au Japon en : 1933 & 1964
Nombre de pages : 160
Prix : 6,10€

On a droit ici à deux nouvelles inédites de Yasunari Kawabata, qui ont apparemment été publiées avec Les Belles endormies au Japon, alors qu’en France cette dernière a été publiée seule. On a tout d’abord Le Bras, une nouvelle que j’ai beaucoup aimée et dont l’atmosphère, en effet, est la même que pour Les Belles endormies. L’histoire est simple : une jeune fille va proposer son bras à un homme, qui va ainsi rentrer chez lui avec ce bras. Elle va simplement le détacher, et l’homme (notre narrateur) va ainsi faire tout le chemin jusqu’à chez lui en s’inquiétant pour ce bras, comme si c’était une personne… et le bras va également lui parler, comme si de rien n’était. Une relation étrange va se nouer entre cet homme et le bras qu’il a emprunté. J’ai beaucoup apprécie le sérieux avec lequel le narrateur vit cette expérience, avec des dialogues on ne peut plus normaux qui font cependant le comique de cette nouvelle (« Tu dors ? – Non, me répondit le bras. »).

« ‘Je peux te prêter mon bras pour un soir’, dit la fille. Et, le détachant de son épaule droite, elle le prit dans sa main gauche et le déposa sur mes genoux. »

La seconde nouvelle est éponyme, et bien qu’elle m’ait un peu moins marqué, elle est néanmoins intéressante. Deux filles sont assassinées alors qu’elles dormaient ensemble. Le narrateur est ici un écrivain, et il discute avec Saburo, le tueur de ces demoiselles. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a une vraie réflexion sur la vérité dans cette nouvelle, parce que Saburo ne se souvient pas vraiment de ce qu’il s’est passé, et les événements vont ainsi se retrouver transformés, suite à ce que lui ont suggéré les policiers (« ça ne pouvait que se passer comme ça » qui font douter Saburo sur la véracité de ses propres propos), et sa version se retrouve ainsi altérée, selon qu’il raconte cette soirée aux policiers, au commissaire, ou au psychiâtre.

« Elle avait dû sentir que je trouvais cela joli, pour détacher ainsi son bras droit de la rondeur de l’épaule et me le prêter. »

Et bien entendu, il suffit de regarder la couverture pour comprendre pourquoi j’ai voulu lire ces nouvelles de Yasunari Kawabata, qui ne sont pourtant pas les plus célèbres par chez nous : ce livre est postfacé par Yukio Mishima. On a donc la chance de lire l’interprétation de ces deux nouvelles par mon auteur préféré ainsi que quelques anecdotes. Par exemple, Le Bras a été publié en feuilletons et Mishima pensait que la nouvelle se terminait à un moment précis et trouvait cette fin parfaite ; alors qu’en réalité, la nouvelle se poursuivait dans le numéro suivant.

« Laisser l’oubli se faire est peut-être finalement la plus belle manière de se souvenir. »

Deux nouvelles de qualité d’un des plus grands auteurs de la littérature japonaise, qui parvient notamment à nous faire replonger dans l’ambiance des Belles endormies avec la première nouvelle de ce recueil. C’est également un réel plaisir de voir Yukio Mishima commenter les textes de son ami dans la postface.

Ma note :

Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata

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Je vais vous parler maintenant d’un classique de la littérature japonaise : Les Belles Endormies (眠れる美女, Nemureru Bijo) de Yasunari Kawabata. Cet auteur est un des auteurs japonais classiques les plus connus en dehors du Japon, et c’était le premier roman de lui que je lisais.

Kawabata

Edition lue :
Éditeur : Le Livre de Poche
Publié en : 1982 (édition originale en japonais : 1960-1961)
Nombre de pages : 124
Prix : 4,60€

Dans Les Belles Endormies, on suit Eguchi, un vieil homme de 67 ans, qui va vouloir essayer d’aller dans la maison des « Belles Endormies » dont un ami lui a parlé. Le principe de cette maison est simple : des hommes âgés peuvent dormir aux côtés d’une (ou plusieurs) jeune fille qui a été préalablement profondément endormie. Il n’y a aucun rapport sexuel, puisque les clients sont censés être des « clients de tout repos », qui n’éprouvent plus de désir sexuel, même si cela ne semble pas être le cas d’Eguchi…

Il va ainsi passer cinq nuits avec une fille différente (ou deux dans le dernier chapitre), et à partir de chacune de ces filles, qu’il va découvrir être vierges, des souvenirs de femmes différentes vont lui revenir. Ces souvenirs semblent venir à lui comme une vague de nostalgie d’une vie passée, comme un bilan des femmes qui ont compté dans sa vie… Les jeunes filles vont permettre à Eguchi, et à tous les clients de la maison, d’être confronté à la jeunesse, ne serait-ce qu’une dernière fois.

« Ce qui, du bras de la fille se communiquait aux paupières d’Eguchi, c’était le courant de la vie, le rythme de la vie, l’invitation de la vie et, pour un vieillard, un retour à la vie. »

Ce livre a inspiré plusieurs films, ici un film allemand de Vladim Glowna de 2005

Ce livre a inspiré plusieurs films, ici un film allemand de Vladim Glowna de 2005

On retrouve donc dans ce roman quelques thèmes récurrents de la littérature japonaise, à savoir : l’opposition vieillesse/jeunesse (souvent matérialisée par une jeune fille vierge), l’amour, mais aussi la mort. De plus, on retrouve un peu d’érotisme, avec les descriptions de ces jeunes filles vierges à côté desquelles dort Eguchi. Ce genre de description est chose courante dans cette littérature, et m’a un peu lassé personnellement.

Ce roman côtoie la mort de près, et on ne voit très vite qu’une issue possible à l’épilogue : la mort. Pourtant, et c’est là l’un des traits particuliers que j’ai apprécié chez cet auteur, la vie -et donc la mort- peut toujours nous surprendre…

« Une maison comme celle-ci ne serait-elle pas l’endroit idéal pour mourir ? »

Ma note :
7